L'Ajoie de marcher

Patrimoine bâti

Le patrimoine bâti de l’Ajoie, que ce soit dans l’architecture religieuse ou civile, dans les maisons bourgeoises ou rurales, reflète bien l’environnement géographique et culturel dans lequel se situe la région, au nord du dernier contrefort du Jura, aux confins du Pays de Montbéliard, du Territoire de Belfort et du Sundgau.

Les villages ajoulots sont implantés de manière lâche dans un paysage de vallons et de collines. Le clocher de l’église les domine de sa silhouette emblématique, soit à bâtière (Miécourt), soit en pavillon avec une flèche plus ou moins élancée (Damvant), soit en dôme à l’impériale (Fahy, Bonfol). Cette dernière forme, qui évoque les clochers comtois, rappelle que l’Ajoie, à part la Baroche, a fait partie du diocèse de Besançon jusqu’en 1780. Les églises et les chapelles concentrent une part importante du patrimoine artistique de la région, qui va des peintures murales médiévales (chapelle Ste-Croix près de Fontenais), jusqu’aux vitraux du XXe siècle (Cornol, Réclère, Beurnevésin), en passant par de beaux ensembles de mobilier liturgique baroque (Boncourt, Bure, Damphreux).

Les maisons paysannes constituent la majeure partie du patrimoine bâti ajoulot. Dans ce domaine aussi, les liens avec les régions limitrophes apparaissent, à l’image des maisons hautes de Haute-Ajoie (Chevenez, Fahy, Rocourt), qui présentent des parentés avec certaines constructions de la Haute-Saône, ou des colombages de Basse-Ajoie, qui évoquent l’Alsace voisine. Les plus anciennes maisons rurales forment le cœur des villages et dessinent, dans plusieurs localités, une géographie économique et sociale, comme à Coeuve, où les petites maisons de paysans-ouvriers du Cras s’opposent aux fermes cossues du Bas du village. L’aspect actuel des maisons paysannes est largement hérité des XIXe et XXe siècles, mais quelques-unes sont plus anciennes et présentent des éléments patrimoniaux hors du commun, comme la remarquable cuisine à pilier central de Fahy, datée de 1561.

Des édifices sortent aussi de l’ordinaire, comme autant de témoins d’anciennes maisons nobles (château de Coeuve, château de Miécourt, prieuré de Grandgourt). De façon significative, la cure est aussi souvent un bâtiment qui se distingue par son architecture soignée, de style baroque (Alle) ou néo-classique (Asuel). Le développement de l’instruction publique a conduit au cours du XIXe siècle à la construction de nombreuses écoles, d’abord de style néo-classique (Charmoille), puis inspirées du « Heimatstil » et de l’éclectisme (Courtedoux, Réclère).

L’arrivée du chemin de fer dans le dernier quart du XIXe siècle a favorisé le développement de l’industrie qui a laissé quelques fabriques et ateliers (Alle) et des maisons de maître (Bonfol). A Boncourt, l’héritage laissé par la famille Burrus, qui comprend plusieurs villas bourgeoises du début du XXe siècle, est impressionnant et illustre les liens et influences qui se manifestent à l’époque entre l’Ajoie et le territoire de Belfort.

Le dernier apport architectural majeur est la Transjurane qui marque le paysage de ses ouvrages d’art et relie l’Ajoie à ses voisins de toujours.

Marcel Berthold
Conservateur des monuments du canton du Jura

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