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L'Ajoie de marcher

Histoire

St-Ursanne au coude du Doubs, la perle du Jura

Située à une altitude de 440 m, la ville de St-Ursanne est distante de Porrentruy de quelque 15 km et de Delémont de 19 km. Elle fait partie de la commune de Clos du Doubs et appartient au district de Porrentruy.

Un mystique venu du Nord

La petite bourgade de Saint-Ursanne doit son nom à un moine d’origine irlandaise, compagnon de saint Colomban. On atteint son ermitage par un escalier escarpé de 180 marches. Le saint homme, flanqué d’un ours, est allongé dans sa grotte. L’ours figure d’ailleurs dans les armoiries de la petite cité.

Le culte d’Ursanne (en latin Ursicinus) est attesté dans le Jura depuis le haut Moyen-Âge. Un premier  monastère est fondé par saint Wandrille. Soumise à bien des épreuves, cette communauté monastique se mue au  XIIe siècle en chapitre de chanoines séculiers. Leur collégiale abrite encore la tombe du saint ermite (les restes de St-Ursanne sont contenus dans le buste reliquaire de Urs Graf datant de 1519).

Le chapitre de chanoines

Placé sous l’autorité d’un prévôt, le chapitre comprend à l’origine douze chanoines, chiffre ramené plus tard à six. Ces prêtres célèbrent les offices dans la collégiale. Le chapitre exerce ses droits seigneuriaux dans toute l’étendue de la Prévôté. Certains dignitaires, issus du chapitre collégial de Saint-Ursanne, ont accédé au siège épiscopal. Citons Hugues d’Asuel (1179-1180), Imier de Ramstein (1382-1391) ou Gaspard ze Rhein (1479-1502). Les chanoines sont souvent des lettrés ouverts aux idées de leur temps. Le chapitre s’oppose au prince pendant les Troubles de 1740 où s’illustra Pierre Péquignat.  En 1790, le prévôt Jean-Jacques Keller et deux chanoines sympathisent avec la Révolution, tandis que leurs quatre autres confrères émigrent sans attendre la suppression formelle du chapitre en 1793.

La Prévôté de Saint-Ursanne

C’est une seigneurie ecclésiastique de l’ancien évêché de Bâle. Elle dispose d’une certaine assise foncière. Ses domaines sont  localisés essentiellement dans le Clos du Doubs. Les papes ont confirmé les possessions du chapitre. A partir du XIVe siècle, la Prévôté voit l’émergence d’une bourgeoisie qui secoue la tutelle seigneuriale, tandis que les ruraux restent attachés aux franchises énoncées chaque année lors des plaids généraux. La montée en force du pouvoir princier représenté par le bailli de Saint-Ursanne réduisit les attributions des chanoines qui finirent par renoncer à toutes leurs prérogatives. A la Révolution française, la Prévôté et le chapitre disparurent.

Troisième ville historique du canton du Jura après Delémont et Porrentruy

Saint-Ursanne séduit par sa physionomie médiévale et pittoresque. On y pénètre grâce à ses trois portes monumentales ainsi que par son pont sur le Doubs dédié à saint Jean  Népomucène. Le centre historique n’a été que très peu modifié au cours de ces derniers siècles. Il est caractérisé par ses maisons bourgeoises  du XIVe au XVIe siècle. L’admirable basilique romane et son cloître attirent de nombreux visiteurs.

Communications

La ville est sortie de son isolement en 1877 grâce à l’ouverture de la ligne ferroviaire. Celle-ci nécessita la construction de nombreux tunnels et d’un viaduc. La construction de l’autoroute A16 dite Transjurane en a amélioré l’accès routier.

Manifestations

Le Clos du Doubs offre un réseau varié de randonnées pédestres ainsi que des parcours de VTT. Le Doubs attire également de nombreux pêcheurs. C’est le paradis des amateurs  de canoë-kayak.

Tous les deux ans, Saint-Ursanne organise les Fêtes médiévales. La manifestation reconstitue  trois jours durant l’ambiance et les activités typiques d’une ville au Moyen-Âge.

De nombreuses expositions sont organisées en ville ainsi que dans les anciens fours à chaux (le phare marin est allumé en cas de manifestation).

Le festival  Piano à Saint-Ursanne jouit d’une renommée internationale.

Dans le cadre des Estivades, durant les dimanches de juillet et août, le marché traditionnel envahit les rues. La brocante et l’artisanat y tiennent une place de choix. On apprécie également les animations musicales et les ateliers pour enfants.

La course automobile de côte Saint-Ursanne – Les Rangiers se déroule le troisième week-end d’août. Elle constitue une étape du Championnat d’Europe. .

Météo

17°C

Humidité : 75%
Vent : 2.96/ms N.E
Min : 12.72°C
Max : 18.75°C
Informations
Altitude
440m
Position sur le parcours
0 sur 111km
Lieu suivant
3km : Outremont
Lieu précédent
6km : Seleute

Patrimoine bâti

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La collégiale

Une basilique romano-gothique remarquable, notamment son portail sud de la deuxième moitié du XIIe siècle : du temps de l’apogée de la famille Asuel (nom provenant d’un petit village voisin de Saint-Ursanne), branche cadette des sires de Montfaucon, avec deux de ses membres évêques, l’un, prénommé Hugues, évêque de Bâle (1179-80) , l’autre Henri, évêque de Strasbourg (1180-90), en allemand Heinrich von Hasenburg. Hugues d’Asuel était aussi prévôt de l’Église de Saint-Ursanne.

Pont Saint-Jean Népomucène

Pont en pierre à quatre arches construit en 1728 par le maître maçon Brunet sur les plans de l’avocat Humbert (rénové en 2016). Il a remplacé un pont en bois des années 1670.

Au milieu du parapet trône une statue de Saint Jean Népomucène en grès rouge de Bâle, don de Jean Münch de Münchenstein en 1731 (copie de 1973 de l’artiste jurassien Laurent Boillat, l’original se trouve au Musée lapidaire).

Maison de la Dîme

L’ancienne maison de la dîme date de 1565. Elle servait d’entrepôt au produit de la dîme, impôt versé à l’église sur les produits de la terre et de l’élevage.

Le bureau de Jura Tourisme se trouve dans la partie orientale du bâtiment remaniée en 1911.

Le cloître et le Musée Lapidaire

le Cloître, situé au nord de la Collégiale, a été reconstruit et prolongé vers 1380. Il présente une série d’arcades de style ogival et un remarquable tympan avec croix pattée carolingienne.

Le Cloître du XIVe siècle donne accès au Musée Lapidaire qui est situé dans l’ancienne église paroissiale St-Pierre.

Lors des fouilles entre 1965 et 1974, une cinquantaine de sarcophages monolithiques datant d’une période allant du VIIe siècle au IXe siècle ont été découverts, ce qui constitue la découverte la plus importante dans ce domaine.

Tous les ans, durant le début du mois d’août, le Cloître accueille « Piano à Saint-Ursanne », une belle occasion pour les amoureux de musique de découvrir la musique classique. Il est aussi le théâtre d’expositions durant tout l’été.

Hôtel de ville

L’Hôtel de Ville est bâti en 1406 à l’emplacement d’une maison de Bellelay, détruite lors de l’incendie de 1403. Au rez-de chaussée, halle couverte par quatre voûtes sur croisée d’ogives et qui servait autrefois de marché. Elégant garde-corps en fer forgé et portes du 18e siècle.

Ermitage et Chapelle

Situé dans les rochers, on accède à l’Ermitage par une porte de style Renaissance tardive, au fronton daté de 1688, et en empruntant un escalier de quelque 190 marches. A côté de la grotte où Saint-Ursanne aurait vécu, chapelle de style post-gothique, reconstruite en 1621.

Fontaine de la Laiterie

La fontaine est formée de deux bassins datant de 1677 attribuée à Pierre Jeannerat et Jacques Huguenin, maîtres-maçons. Fût à spirales et pointes de diamant surmonté d’un chapiteau joliment sculpté.

Fontaine du Mai

Datant de 1591, elle est dressée sur une place entre la collégiale et l’Hôtel de Ville. Œuvre de Pierrat Monin, retouchée en 1678 par Pierre Jeannerat. Bassin octogonal construit en 1854 par Pierre Chavanne. Fût moderne surmonté de la statue de Saint-Ursanne avec un ours à ses pieds du début 17e siècle. Chapiteau avec poissons et cornes d’abondance.

Maison de la Fondation Béchaux-Schwartzlin

Ancienne résidence des chanoines les plus riches de la cité, ce bâtiment a probablement été construit en 1578 par le chanoine Ursanne Desglans suite à l’incendie de la ville en 1558. La porte cochère en plein cintre et surmontée d’un fronton cintré brisé date de 1620. La richesse décorative atteste de l’importance de la maison pour l’histoire architecturale de Saint-Ursanne.

 

Maison des œuvres et ancien lavoir

La maison des œuvres et ancien archidiaconé est constituée de deux corps de bâtiments, l’un probablement de la fin du 15e siècle attenant au cloître et orné de fenêtres gothiques et d’une tourelle et le second bâtiment conservant une logette rectangulaire donnant sur la rue d’une exceptionnelle facture décorative. Dans la cour, l’ancien lavoir du 17e siècle conserve au rez-de-chaussée une halle ouverte.

Portail sud de la Collégiale Portail

Non daté, il est probablement de la seconde moitié du 12e siècle. Tympan semi-circulaire avec représentation du Christ sauveur assis sur un trône. A sa droite, Saint-Ursanne priant et à sa gauche son ange qui tient une banderole symbolique. Les chapiteaux des colonnes représentent les quatre évangélistes, des monstres, des sirènes et le loup allant à l’école.

Le décor des voûtes est très riche: perles, rubans, motifs végétaux et dents d’engrenage. Dans la niche à droite se trouve une statue de Saint-Ursanne et dans celle de gauche la Vierge à l’enfant.

Porte Saint-Pierre dite de Delémont

Reconstruite en 1522 sur des soubassements plus anciens cette porte a été transformée en 1665 et restaurée en 1949. Elle est couverte d’un haut toit à lucarnes polygonales surmonté d’un clocheton. En façade extérieure, les armes de la ville et celle du prince-évêque Jean-Conrad de Roggenbach.

A l’intérieur de la porte est conservé l’Horloge de la Berbatte construite par François Keyser, maître-horloger, en 1713.

Ancienne muraille

Fortifications construites après l’incendie de 1403 englobant l’aire de l’ancien château de Saint-Ursanne, aujourd’hui disparu. Au bord du Doubs, les agrandissements des maisons ont intégrés les remparts. Mur à redents et tour de guet ronde du début du 15e siècle. Inaccessible.

Fontaine Rue Basse

Fontaine à deux bassins en ligne de Jean Quillerat installée en 1667 au pied de l’escalier conduisant à l’Ermitage et déplacée en 1867 par Pierre Migy maire de Saint-Ursanne. Fût, cylindrique depuis le bas et cannelé du milieu au sommet avec un joli chapiteau ainsi qu’un écusson dont les armes ont été tailladées.

Porte Saint-Jean dite du Pont ou du Doubs

Les soubassements de la porte remontent à la fin du Moyen Âge. Elle est reconstruite à la fin du 17e siècle et s’ouvre sur le pont qui enjambe le Doubs. La tourelle d’escalier, adossée à l’ouest, sur plan de fer à cheval avait probablement une fonction défensive.

Flore

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Jardin médiéval

Sur les bords du Doubs, en ville de St-Ursanne, petit jardin d’inspiration médiévale organisé en damier. Cet espace vert présente plus de 70 espèces différentes de type ornemental, médicinal et potager. Un descriptif précise les propriétés et l’utilisation de ces variétés en accord avec les besoins quotidiens de l’époque.

Géologie

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Le Doubs

Depuis sa source à Mouthe, le Doubs a pris résolument la direction du Rhin, vers le nord-est. Pourquoi donc après plus de 100 km de parcours patiemment creusé le long des plis de la chaîne du Jura, arrivée à St-Ursanne, cette rivière change de direction pour s’en aller rejoindre la Saône plus à l’ouest ? C’est à cause de l’anticlinal de la Caquerelle qui lui barre la route et a forcé les écoulements en direction de l’ouest ! Il s’agit d’une des rares structures plissées selon un axe nord-sud dans cette partie centrale de la chaîne du Jura. Cet anticlinal situé exactement à l’endroit où la chaîne du Jura présente sa plus forte courbure, doit son origine globale aux poussées asymétriques de la plaque tectonique africaine contre la plaque européenne, qui ont donné naissance aux Alpes et à la chaîne du Jura et occasionné leur forme en croissant. Plus localement, l’anticlinal de la Caquerelle a probablement été occasionné par une plus forte résistance aux plissements de la large vallée synclinale de Delémont, tapissée d’une épaisse couche de molasse, qui a coulissé vers le nord, alors que les terrains plus à l’ouest n’ont pas supporté la pression venue du sud-ouest et se sont plissés.

Parc du Doubs

Projet du Mont-Terri et argiles à Opalinus

En raison de ses caractéristiques spéciales, telles qu’une très faible perméabilité hydraulique, l’auto-cicatrisation de fissures et la rétention de radionucléides, l’argile à Opalinus est examiné de manière détaillée comme roche d’accueil pour le stockage des déchets radioactifs en couches géologiques profondes.

 

Argiles à Opalinus et projet du Mont-Terri

Laboratoire souterrain Mont-Terri

Au point de coordonnées 579.290/247.940, le sentier de randonnée passe exactement au-dessus du tunnel A16 du Mont Terri. À côté de ce tunnel, environ 150 m au sud-est du point mentionné, se trouve le laboratoire souterrain où des équipes internationales étudient les propriétés des argiles à Opalinus du Lias, afin de définir les conditions de stockage les plus sûres, de déchets nucléaires dans de telles couches ailleurs en Suisse et en Europe. Dans le laboratoire souterrain, cette couche d’argiles très dures (véritable roche), déposée sous forme de boue dans une mer profonde il y a environ 175 millions d’années, est inclinée à environ 45° et possède une épaisseur d’environ 100 m. Cette roche est tellement peu perméable qu’à de très nombreux endroits, elle contient encore l’eau de mer de l’époque !

Projet du Mont Terri

Les galeries des fours à Chaux, St-Ursanne

Les grandes cavités béantes bien visibles dans la falaise en-dessus des installations des fours à chaux de St-Ursanne, cachent une longue histoire qui débute en 1907 par les premières exploitations de calcaire par la société « Fabrique de chaux vive pure pour l’industrie chimique de St-Ursanne » qui en 1910, met en route son premier four à chaux. Jusqu’en 1993, la société qui change de noms à plusieurs reprises pour finalement devenir Fabrique de Chaux SA, exploite plusieurs centaines de milliers de mètres cube de calcaire et creuse pour cela entre 11 et 12 km de galeries de plus de 5 m de haut et de 3 à 8 m de large, sur une surface de 14 hectares, dont environ 1 km se trouve dans un étage inférieur (exploité de 1989 à 1993) et la plus grande partie dans l’étage supérieur qui correspond aux grandes ouvertures visibles dans la falaise. L’ensemble des roches exploitées se trouve dans la formation des calcaires crayeux et récifaux de la formation de St-Ursanne (proche de la base des calcaires du Malm), dans une zone quasi horizontale d’un synclinal à fond plat se trouvant entre l’anticlinal du Clairmont au Nord et celui du Clos du Doubs au Sud. La partie inférieure de cette unité est formée de calcaires massifs récifaux dont la dureté augmente vers le bas. La partie supérieure de cette formation, qui contient le niveau supérieur des galeries, est formé de calcaires récifaux durs et massifs entourés de calcaires tendres, périrécifaux, crayeux et souvent blancs à jaunâtres. Les masses dures sont des pinacles récifaux qui ont souvent été gardés comme piliers lors de l’exploitation des galeries, alors que les calcaires tendres proviennent de l’accumulation de débris accumulés autour de l’ancien récif. Les fours à chaux servaient à la transformation du calcaire (CaCO3) en chaux (CaO), par calcination à environ 900°C.

En 1975, une entreprise locale obtient l’autorisation de déposer des boues d’hydroxydes métalliques dans certaines galeries abandonnées où la fabrique de chaux déposait déjà certains de ses propres déchets. Dans une suite logique, dès 1986, la société Fabrique de Chaux SA soumet un projet de GMR (gisement de matériaux récupérables) pour le stockage « temporaire » de grandes quantités de déchets chimiques, notamment des boues de divers métaux issues des industries chimiques et de galvanoplastie. L’idée était de récupérer les métaux de ces boues lorsque les technologies pour ce faire auraient suffisamment évolué et que les quantités de chaque type de boue devenaient économiquement exploitables. En 1990, l’ordonnance fédérale sur le traitement des déchets (OTD) nouvellement promulguée, interdit ce genre de dépôt. Alors le projet GMR devient DMS (décharge pour matériaux stabilisés) : jusqu’à mi-1995, le dépôt intermédiaire créé en 1994 enfle jusqu’à 10’000 tonnes de boues métalliques et le dépôt de ces mêmes types de boues consolidées à l’aide de ciment spécial, conformément à l’OTD, débute dans une galerie expérimentale, pour atteindre 1650 tonnes. Mais l’opposition à ce projet se renforce. L’intervention d’activistes environnementaux une première fois en 1994, puis une deuxième fois en 1995, force le gouvernement à retirer son autorisation à l’entreprise « DMS Fours à Chaux SA » qui fait faillite en 1997 après une série d’opérations douteuses. Par la suite, le canton du Jura reprend le site et de 1998 à 2006, dans une « opération blanche », le fait assainir complètement et puis reboucher à 95% par des matériaux d’excavation non pollués, issus des chantiers de construction de l’autoroute A16.

Durant les années 1990 et 2000, l’ancienne usine des fours à chaux se transforme en un centre culturel qui peut accueillir sporadiquement plus de 1000 personnes pour des expositions de peintures, de sculptures, mais aussi pour des performances musicales ou des concerts.